
Finir le texte pour les vases communicants avec Myriam Oh, frustration de ne pas s’affranchir de la narration linéaire — j’espérais en allant vers elle trouver une scansion différente, aller vers la poésie. La surprise de voir le texte retomber sur ses pattes, en face.
Sensation de lourdeur, l’image de mon corps vieille, repliée, je suis mourante — l’impression d’être pourtant vraiment éveillée. Laisser l’air reprendre sa place autour, l’angoisse difficile à décoller .

En arrivant au cours de gravure Louise écarte les pans de sa blouse pour me montrer un pull en jacquard coloré — j’avais été la semaine dernière impressionnée par celui qu’elle portait, déjà tricoté par sa mère. Dommage que je n’ai pas l’appareil avec moi. Je lui demande si elle accepterait que je la prenne en photo avec ses pulls, dans l’atelier, elle me raconterait des souvenirs de sa mère au tricotant, l’idée lui plaît, la manière dont ça a surgit me rend très joyeuse.

ne pas lutter contre, sombrer, rester dans la tiédeur des draps — retarder le départ — se raviser et danser comme une enfant — les faire rire, rire avec eux — espérer plus de lumière — y aller, fermer la maison — trouver miraculeusement un Vélib — pédaler plus doucement — laisser les pensées vivre leur déroute — louper l’embranchement de Richard Lenoir — le réaliser en passant devant Saint-Ambroise — se demander si cela a à avoir avec traîner au lit — tourner la tête en passant devant la rue de l’asile Popincourt — penser à elle
Rendez-vous professionnel en visio, elle est jeune — je fais ce constat de plus en plus souvent. Elle me parle une langue que je ne comprends pas, ne se départ pas de son sourire, cette bonne humeur de façade, apprise durant sa formation en école de commerce, elle me balance des chiffres, je ne sais jusqu’où je peux faire semblant, si je lui fais comprendre que ça m’échappe un peu — dashboard, conversion, captif.

Se forcer à marcher dans la nuit et le froid, je n’ai pas pris de photos de la semaine, trop de déplacements, le poids de l’appareil, la lumière désastreuse. Dans le temps et l’espace contraint de mon trajet, j’aime le rapport au cadre, aux éléments, il bruine, maigre moisson.
Le réveil ne sonnait pas — ai regardé l’heure quatre ou cinq fois — ai écouté le calme dans l’immeuble — ai senti le froid hostile — ai contemplé le plafond découpé en ombres floues — ai pensé aux photos que je n’avais pas prises — ai deviné que la nuit attendait aussi — ai entendu mes pensées s’effondrer — ai desserré la mâchoire — ai senti un goût amer sur la langue — ai respiré l’air alourdi de nos souffles — ai espéré la sonnerie — me suis rapprochée de toi, sans te réveiller.

« elle est jeune… elle parle une langue que je ne comprends pas » – sourire : l’autre soir en fin de conférence sur les langues, pendant le débat sur les diversités j’ai introduit les niveaux de français, sociaux mais aussi de génération… m’applique à oublier la langue qui m’étais naturelle
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là surtout c’est ce langage du marketing (déjà ce mot là me fait horreur), sinon je parviens à me mettre un peu à jour avec A et N 😉
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mais moi à cause de ma grand mère j’avais des restes de bourgeoisie lyonnaise début 20ème – très très loin (le langage marketing je répondais en vieux français courant, ça démaquille)
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tout un art de se tromper de chemin 😉
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lu chez Guillaume Vissac en remontant son journal: Mais on ne peut écrire que ce qu’on peut écrire.
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ai entendu mes pensées s’effondrer… abimes… parfois il faudrait pouvoir écrire comment c’est fracas ou mer gelée.
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