une attention différente

Nous nous décidons pour l’île Saint Louis, longtemps P y a marché seul, maintenant nous marchons ensemble, filons par le faubourg Saint-Martin, cars de CRS, uniformes, air lourd, tension palpable en approchant la Seine, nous traversons. Le soleil appelle un café, place Saint-André des Arts, la pleine lumière, l’échange vif, l’acuité, les sensations douces, je le prends en photo, nous repartons vers la place Dauphine, j’ai l’impression que c’est la première fois que je m’arrête sur cette place, vidée de touristes, ici la ville calme.

Dimanche studieux avec P et A, tous les trois à écrire, nouvel équilibre, une attention différente, sentir l’absence de N, à cet instant je reçois le sms où elle m’annonce qu’après le 3 elle passera à Paris, s’habituer à ce que dorénavant elle dise je passe à. Le ciel s’est alourdit, nous prenons le prétexte d’une glace pour sortir, foule au dehors, quelques passant.es se découragent sous les premières gouttes.

Retrouver D pour une dînette, deux fois en quinze jours, la voilà presque parisienne, elle me raconte que ses parents lui ont fièrement rapporté une boîte du Vaucluse, des souvenirs auxquels elle ne voulait pas être confrontées à ce moment là, son refus d’abord à l’ouvrir, j’essaie de comprendre, tout juste rentrée de Belgique avec les photos et les lettres de mon père, ma lutte contre l’effacement en alerte.

Journée de travail dense, un peu ennuyeuse, je décide de rentrer à pieds, en quête d’images, d’un événement, j’avance dans les rues en me laissant guider par la lumière, aller là où le soleil réchauffe les murs. La nuit, entre deux réveils, découvrir l’énorme araignée observée ce matin au plafond, elle rampe maintenant dans le coin du mur à cinquante centimètres de mon oreiller, éclairée par la lueur orange de la prise anti-moustique, dans le lit je me fais toute petite, nuit agitée.

Une image idéale qui s’impose dans le texte en cours pour l’atelier, un souvenir nourri/fabriqué, peut être que je me tends un piège, je m’impatiente déjà.

Avec G, nous mangeons des crêpes, ça devient une habitude, j’aime les questionnements qui surgissent, les émotions qui nous traversent, le rapport à l’écriture, elle pointe un de mes abus de langage « il/ elle/ je m’autorise à », je décide de m’en débarrasser, maintenant j’écris. Ça file vite, oui c’est court à midi mais si on le fait souvent c’est bien.

Retrouvailles à La belle équipe autour du livre de Xavier, en tête le procès des attentats, je n’en parle pas, émue de me retrouver sur cette terrasse où il y a un an nous étions avec Martine T, Thibaud et Xavier, se souvenir de nos échanges autour de nos chantiers, repartir avec le livre de Xavier, tentation de me promettre que dans un an c’est mon tour, renoncer l’instant suivant. Bue enfin cette mauresque avec PCH.

Publié par

caroline diaz

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