
à l’hôtel Mattei, recroquevillée sur un lit de camp, la nuit tapie dans les angles, la litanie de cauchemars à voix haute de l’aïeule
sur l’avant-bras l’empreinte des vagues du velours vert et rassurant, le nez réfugié dans le pli moite du coude
un vrai silence, un silence de doutes, d’ombres, puis le bruissement du peuplier, le vent se lève qui fait claquer les filins sur les mâts, l’impression confuse que l’endroit est hanté
accrochée à la clarté du phare, son balai lent qui veille, l’odeur rance des armoires en tissu plastifié
une chambre hors du temps, minérale, froide comme une église, malgré les couches de vêtements les chaussettes superposées le poids lourd d’une couverture de laine rêche, le froid
un parfum de bois chaud dans la soupente aux lambris blancs, le déchirement brutal de l’orage, guetter la pluie sur la fenêtre de toit
un courant d’air, une porte claque, se convaincre d’une présence étrangère dans la chambre voisine, de bruits de pas, l’effroi grandissant
la pesanteur, des voix basses et lointaines, des relents de cuisine, au bord du lit prête à se laisser glisser vers le sol pour échapper à la chaleur
se réveiller par intermittence, suivre les fissures, observer les changements du ciel à travers les jalousies, jusqu’au jour tiède
la rumeur continue des vagues en contrebas, la douceur des courbes blanchies à la chaud entre murs et plafond, l’éclat des rideaux rouges percés de soleil
Texte écrit sur une proposition de François Bon, dans le cadre de l’atelier d’été
une belle façon d’essayer de me réveiller
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je voudrais me réveiller si ce n’est chaque jour en vacances au moins avec le bruit de la mer …
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Beau, suggestif (ressentir pour soi)
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