Qu’est-ce qui meurt, quand on meurt ?

Elle me raconte le ménage qu’elle entreprend, le tri, les choses insolites qu’elle trouve dans les tiroirs, celà vient réveiller l’effroi de l’été 2001, je me retrouve toujours au même endroit, devant les tiroirs vides de ma mère.

Le clinquant de trois immenses sapins rassemblés au pied des immeubles de la Grange aux Belles. Quelle intention louable dérobée dans les noeuds de papiers dorés ? La table de ping pong écrasée par la masse des arbres devient insolite, je vois dans cette mascarade plutôt une occupation de l’espace. La proximité avec l’ancien appartement de ma tante Annie convoque le souvenir des préparatifs de Noël, des boas métallisés dont ma mère ornait les meubles, bizarrement je ne me souviens pas de nos sapins de Noël.

Ce jour-là je lis un post de Jacques Serena qui depuis la disparition de sa compagne poursuit la publication des Elle disait sur Facebook. Ce jour-là il me touche particulièrement, je pense à Roubaud, à Quelque chose noir, mais je n’ose pas lui dire. Ce jour-là j’apprends la mort de Roubaud, j’ouvre au hasard le livre qui m’accompagne depuis si longtemps, je lis Qu’est-ce qui meurt, quand on meurt ?

Arianne Ascaride dans Et la fête continue ! — « C’est étrange de ne pas savoir dire non, de se sentir coupable de refuser. C est peut être lié à la pauvreté , on se dit qu’un refus quel qu’il soit pourrait nous rendre encore plus fragile ou encore plus pauvre ».

Avant de partir travailler, il m’a dit si tu veux faire des choses c’est ce matin, cet après-midi ce sera tempétueux, mais tempétueux sonnait comme joyeux. J’ai envoyé un message à Gracia pour l’encourager à sortir comme moi. La fille qui remonte le canal sous tempête, j’ai choisi ce jour pour pas prendre d’écharpe. Je suis rentrée à la maison dès les premières gouttes d’eau, je suis définitivement pessimiste puisque le soleil s’est maintenu. Si les heures n’étaient pas comptées je serais ressortie pour reprendre en photo les arbres et leur ombres projetées dont le cadrage me déçoit.

Je suis plus disciplinée avec le sommeil, je dors mieux, je fais des rêves mais j’oublie de m’en souvenir. Ce matin nous glissions à travers les champs d’herbe de la pampa de Sengokuhara, comme véhiculés par une voiture invisible. Au réveil persistait la sensation de douceur à la fois des herbes qui nous frolaient et d’une lumière dorée.

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caroline diaz

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5 commentaires sur “Qu’est-ce qui meurt, quand on meurt ?”

  1. Joie de te retrouver, malgré le sujet. Quelque chose dans tes photos que je ne saurais expliquer, mais elles aussi indépendamment du texte, ce qu’elles abritent. Je n’ai pas de mots pour traduire. Le lien à la pauvreté, merci.

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