
Tour et détours jusqu’à la MEP, Science/Fiction, trop de monde dans les salles sombres, exiguës, le miroir inversé de ce que j’ai pu vivre à Teshima.
L’écœurement et l’effroi. La formule vieux mâle blanc m’a souvent dérangée — je n’aime pas ici l’usage du mot « vieux » — mais elle n’a jamais eu autant sa place, ils ont gagné, et nous n’avons pas fini d’avoir peur.
Le message photographique de Nina, elle marche dans la rue, sa main tient les pages imprimées de son mémoire, emballées sous film transparent, ces mots émus qui arrivent après la photographie, je la remercie silencieusement pour la joie que ça me fait.
L’invitation à Vincennes, il fait nuit, je traverse des petits morceaux de bois, à l’aveugle, c’est étrange, presque inquiétant, des petites peurs d’enfance qui remontent, la joie de retrouver cette petite fille.
Le jeune homme s’est installé dans l’encoignure de la fenêtre, le corps épouse les angles comme un L, je ne veux pas imaginer qu’il y dorme.
Rendez-vous à la banque pour ma petite entreprise. J’enfile des talons pour la première fois depuis longtemps, un costume de crédibilité, je sais que c’est idiot, mais sur le moment ces cinq petits centimètres gagnés et l’élégance de mes bottines me donnent l’assurance nécessaire. Dans le hall de l’immeuble je suis gênée par le bruit de mes talons, je croise madame U — pour qui j’ai une certaine affection, parce que son mari était corse, qu’il marchait les mains dans le dos exactement comme Simon, parce qu’elle est veuve depuis des années et qu’elle a une forme de dignité sèche qui m’impressione. Elle me dit que si elle avait ne serait-ce que la moitié de mon énergie, ça lui ferait du bien, je souris, le déguisement fait bien illusion.
Sur les pages blanches, quatre habitants du 14 sont répertoriés. Je commence par Béatrice, elle me répond, sa voix est un peu agée. Je commence à dérouler mon histoire, elle m’interrompt, mais vous êtes déjà venue, non ? Je n’ai pas le temps de la contredire qu’elle m’assène un « non madame c’est privé » définitif. Je compose les trois autres numeros, ça sonne dans le vide. Je m’interroge, quelqu’un d’autre serait venu investiguer au 14 ? Je décide d’écrire à Béatrice pour tenter de la convaincre de m’ouvrir la porte du 14.


oui pour les talons, les avais en horreur mais une paire de bottes à talons moyens avec même effet…plus la force, me reste l’orgueil de la décrépitude rendiquée 🙂
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