
Journée presque studieuse, montage des images de décembre du journal à quatre voix, pour une fois je ne suis pas en retard. Mon humeur joueuse.
Je suis de celles qui assurent qu’il ne leur est jamais rien arrivé de grave, mais lire Lola Lafon dans Libé me permet de faire la liste des choses pas graves. L’envie brutale de serrer mes filles dans mes bras.

La femme à l’homme, il faudrait mettre du grillage ? Non mais des chats qui passent par la fenêtre ça s’appelle la nuit des temps. Son compagnon lui raconte que quand même l’autre jour son père aurait pu passer par la fenêtre en nettoyant les vitres, il ne se rend pas compte.
Je pourrais m’émouvoir toujours de l’ombre d’un arbre projetée sur une façade. De la douceur du visage de l’Égalité place de la République. D’entendre sonner les cloches d’une église. Du reflet du soleil sur les vitres du couvent des Récollets, l’illusion d’une illumination à l’intérieur.

On se retrouve dans un petit bar de la rue Oberkampf, elle sourit, c’était le bar de ses rendez-vous avec son premier grand amour. Sur la table il y a une grande fleur artificielle rouge, je l’attrape, c’est beau ça, elle me dit que c’est pour moi, pour mon anniversaire. On apprend ensemble le nom de la nouvelle ministre de la culture, on pense d’abord à une blague. Peut-être sommes nous en train de perdre notre sens de l’humour.
La dame à la boucherie avec ses habitudes, le boucher lui demande si elle veut une Francfort, non ma sœur est décédée mardi, elle a dit ça brutalement, et comme j’attendais d’être servie à mon tour j’ai entendu qu’elle n’avait pas voulu voir le corps, qu’elle n’ira pas à l’église parce que c’était en banlieue et que sans voiture c’était impossible, j’ai entendu qu’elle irait, plus tard, au cimetière.

Mon cousin continue de remettre en ordre les films tournés par mon oncle qu’il a fait numériser. Il m’envoie des images totalement inédites. Mes parents jouent avec mon frère et ma sœur au bois de Vincennes. Puis deux plans très courts, ma tante , puis ma mère, elles se maquillent devant un miroir accroché à la poignée de la fenêtre. Les mêmes gestes. Les couleurs de Corbera, la rue étroite. Mais ce que l’image en mouvement, même muette, me rapporte de cette époque, c’est leur voix à toutes les deux, et la tendresse de leur peau.



Tout ce que tu écris me touche, mais cette énumération de « choses pas graves » plus encore que d’habitude… La beauté des images et la gravité derrière toute cette beauté que tu nous offres, et puis celle des mots…
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Que c’est beau, ces images de ta maman et de sa sœur qui se maquillent devant la fenêtre !
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début : dire mieux que je ne saurais le faire ce que je (nous) pense (pensonns… et puis émotion par ricochet – gardez votre regard
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Beau…
Ce coeur mis aux mots.
Cette tendresse.
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