
Réveil solitaire, alors que les filles poursuivent l’occupation de la Villa Arson. J’écoute les bruits de circulation, le tram, la voie rapide, les trains. Vérifier la couleur du ciel, prendre quelques photos en attendant Nina. Marche vers le port. L’après-midi retourner au musée Matisse, ne pas retrouver la lumière de la première fois.
Dans ces battements d’avant départ, l’hésitation à entreprendre quelque chose, tu veux aller voir la mer ? On fait un aller retour en marchant vite, pincement au cœur devant les scintillements, ne pas penser à ce qu’on a manqué.


Dans sa chambre, il y a une photo de ma mère accolée à un procès verbal d’infraction — un titre de transport que Nina n’avait pas validé à bord du tram lors de sa première venue à Nice. Sur le papier rose on devine l’empreinte du stylo mais on ne lit plus rien, la faute effacée. L’obsession des traces.


La mère, avec sa beauté de quarante, l’aplomb de sa voix chaude, à sa fille frêle sous la masse rousse des cheveux, regarde les bâtiments regarde un peu les palmiers regarde regarde, l’adolescente au bord de l’exaspération, elle baisse les yeux, chuchote c’est quel arrêt maman ? regarde maman, je te pose une question et tu ne me réponds même pas.
Nous nous retrouvons rue Tournefort, dans un quartier de la ville je connais à peine, mais dans lequel je reviens trois fois en l’espace de quelques semaines. Me traverse l’envie d’explorer méthodiquement la ville, il faudrait faire un plan, s’y tenir, avant de quitter Paris, je n’aime la méthode que sur le papier.

Faire l’inventaire de tous mes moments de joies sous la pluie. Quelles villes, avec qui à mes côtés, sous quel abri. Running on Empty, la fuite en avant, l’anniversaire, River Phoenix sur le fil, Alice tente de me rassurer, ça va bien se terminer.
Elle m’annonce qu’elle arrivera dans vingt cinq minutes, j’ai le temps de faire des madeleines, ça me saute à la figure, la rareté de ces moments, l’attention, l’amour qu’on peut mettre dans ces gestes de cuisine, la révélation de la tendresse que j’ai pour elle.

mieux que un pouce j’aime… mais trop ou pas assez à dire 🙂
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Très touchée. Les mots, les photos.
Merci Caroline.
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L’arc-en-ciel parisien est assez rare, il suffit de le « saisir » subrepticement : alors la beauté peut naître de la ville plus haut qu’un jet de grenade lacrymogène… 🙂
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au moins celui là ne décochera pas de flèches
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« Faire l’inventaire de tous mes moments de joie sous la pluie » il faut vraiment que j’y pense … Merci Caroline pour ces traces et pour le sillage des madeleines
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vas y commence, on pourrait écrire un texte à quatre mains ?
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