la ville ne nous appelle plus de la même manière

Le temps change. Le vent se lève, s’engouffre dans les conduits, produit des sons d’orgues. Dans le cadre de la fenêtre j’observe la pointe d’un cyprès qui oscille. Après le café avec N et M dans leur appartement de la Conception, lent retour à Bompard, je fais plusieurs détours malgré la pluie fine qui se met à tomber.

Nous traînons comme un dimanche, la ville ne nous appelle plus de la même manière, nous la connaissons suffisamment pour ne nous obliger à rien. J’ai envie d’aller voir la mer encore, nous traversons lentement le parc au pied de l’immeuble avant de rejoindre la corniche. Quand j’étais adolescente à Marseille je ne comprenais pas sa géographie, hormis celle toute proche du quartier ennuyeux où nous vivions, et les alentours du lycée, mais je l’aimais déjà.

Nous allons vers les docks, à quai un ferry rouge de la compagnie Corsica Linea, le Vizzavona, c’est le nom d’un de ces grands cols de montagne dont la traversée nous rendait malades à l’arrière des bagnoles. Un instant ça me traverse, et si on montait à bord du ferry ? Le temps change, nous sommes piégés par ce leurre, prendre un train tard comme si vraiment on allait profiter de la ville pendant que la valise patiente à la consigne, l’air est gris et je ne peux m’empêcher de penser au départ.

Fermer les yeux, convoquer la nuit sur la baie, les façades usées de Noailles, le reflet sur la mer à Marseilleveyre, le clocher qui s’inscrit pile dans la surface de l’eau, entre l’horizon de la ville et la base de la côte à l’arrière, la baie vitrée de la chambre du vallon des Auffes où j’aimerais dormir, la jetée de la Joliette, les détails dans lesquels je trouve un réconfort.

Une fine poussière ocre recouvre les vélos. Je me souviens de ma mère à Bastia, pestant contre le sable qui entrait dans la maison, mais quand elle disait C’est le sirocco, il y avait dans sa voix une certaine tendresse.

Publication d’un nouvel extrait de Comanche — Gwenn me demande, Un livre en gestation ? Incroyable comme cette idée du livre m’a encombrée, m’a éloignée du sens de ce travail. Finir, le livre on verra après. Le soir, la lumière irréelle, ça change la perception du temps. Je remonte le canal à vélo, je me maudis d’avoir laissé l’appareil photo à l’atelier. Philippe rentre un peu plus tard, Vous avez vu cette lumière de dingue dehors. Il a fait plein de photos, je suis dépitée comme une enfant, Je t’en donne une si tu veux.

En partant à l’atelier je photographie les fleurs du quai de Valmy, me prends à rêver du Japon encore. Le soir nous concrétisons le voyage de mai à Athènes, ce sera la première fois, ça me parait bien plus irréel que la lumière de la veille.

Publié par

caroline diaz

https://lesheurescreuses.net/

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s