quand les gestes encore

expostion Travelling, Musée du Jeu de Paume, novembre 2024

Ça m’a attrapée quand je suis entrée dans la salle du musée du Jeu de paume, quand j’ai vu la faïence jaune pâle des murs de la cuisine de Jeanne Dielman, quand j’ai vu Delphine Seyrig, la bassine d’eau et les pommes de terre, que m’est revenue l’émotion de la première fois, quand les meubles, les motifs du papier peint et des rideaux et du fauteuil, quand la lumière faisaient apparaitre les visages de ma grand-mère, de ma tante, de ma mère, de ma tante surtout. Quand je me suis souvenue de la comptine des pommes de terre, quand les gestes encore, et les décors, les couleurs familières, quand le corps œuvre au-dessus de l’évier, de la cuisinière, de la table de la cuisine, quand Jeanne boit un verre de lait, quand Jeanne dans la baignoire, quand Jeanne se maquille, quand la banalité belle, quand à peine la voix de Delphine Seyrig, quand toujours le corps, les gestes lents, précis, quand les détails, quand tout me fait revenir encore à Corbera. Le souvenir ému glissera vers l’inquiétude, quand la mécanique des jours déraillera, qu’on s’interrogera sur la place d’un meuble, la force d’un geste, sans deviner jusqu’où.

archive familiale, 14 avenue de Corbera

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caroline diaz

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