
Se forcer à sortir, même si le gris domine, faire des images pour le journal, dans la contrainte se laisser surprendre, le beau dans la ville sourde.

La journée à décortiquer une phrase de l’atelier d’été, Arriver c’est revenir, se charger d’impatience. Comment se serait ouvert le texte si je n’avais pas été à Erbalunga, au commencement ? Quel territoire aurait surgit ? Mesurer l’impossibilité de l’ailleurs. Je ne pouvais en réalité pas échapper à l’île, on ne la quitte pas comme ça.
Elle m’appelle depuis l’aéroport, son vol annulé, j’entends les sanglots qu’elle retient, ma gorge se serre, il y a eu trop de ratages, de comportement douteux autour, je n’arrive pas à démentir son constat amer, c’est difficile pour une fille de voyager seule. Trajet en velib jusqu’aux journées de l’estampe sous ciel lavé, j’achète une eau forte, collage de fragments sur le paysage. Appel apaisé de Nina, elle est à Nice.

Reçu et lu Perdre Claire, Camille Ruiz chez Publie.net. C’est un journal de deuil. C’est très beau, j’ai eu peur que ça m’immobilise, ça me donne plutôt de l’élan, arrêter de se cacher, c’est peut-être bien le moment.

Je ne serais jamais allée voir la pièce si mon amie n’était pas assistante à la mise en scène. Finalement une bonne surprise, peut-être l’acteur cabotin qui chante une chanson de Jean Constantin, ça convoque mes parents, il était leur témoin de mariage, j’entends ma mère chantonner le Pacha, j’imagine l’accolade entre mon père et le bonhomme. Aussi l’émotion de me retrouver dans une salle de théâtre, le pourpre, le public et l’attente.


Au Père Lachaise, première fois que j’y viens seule, entendu que ce serait le dernier beau jour de la semaine, j’ai pris le Canon. Je m’interroge sur la présence des stylos sur la tombe de Proust, un truc de fans, émue par la sobriété de la tombe de Yves et Simone, la mousse à l’œuvre, ce sont les deux seules que j’avais repérées sur le plan avant de me perdre dans les allées. Je fais quelques photos, joue à cache cache avec un autre photographe, nous sommes attirés par les mêmes statues, la même lumière, signifions à l’autre l’attente, nous finissons par nous perdre de vue.

Trombes d’eau, regrette de n’avoir pas eu le courage de retourner voir l’Arc de près hier soir. Crainte qu’avec l’automne le journal se transforme en bureau des pleurs, je me concentrerai sur les images, il y a tellement à faire avec le gris.

c’est jusqu’au 6 je crois bien pour l’étoile (on est que le 2) (pour le reste, le gris c’est joli en souris – le jeu de mots du mot croisé pour définition d' »éméché » : nuances de gris) (non,mais il est bien le journal hebdo) :°)
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attention mon Piero, ça se termine dimanche si tu avais des velléités d’y aller, merci
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Bonjour Caroline, Ce passage est très beau, bien écrit comme souvent, mais dans un abandon qui en fait un texte de mélancolie douce qui éclaire ( et confirme) ce que je ressens de tes textes depuis qques temps, non plus raconter à tout prix pour trouver, comprendre, recréer, mais laisser couler, donner au texte la charge d’agir, donc bizarrement plus d’intime et moins de monstration, peut-être simplement moins de détails « vu » ou inventés de « vu » comme d’une photo – à plat – et de la matière où narratrice, tu empoignes, et les mots nous empoignent à leur tour, on est dans la matière écrite, une matière volume et profonde, bonne suite,
Catherine Serre 241 rue Dechavanne 69400 Villefranche Sur Saone 06 41 89 21 36
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oh Catherine, quelle lecture, merci ! Et oui quelque chose a bougé, l’écriture est née avec l’enquête, qui est close aujourd’hui, je n’écris plus du même endroit, c’est certain, ce qui me pousse à reprendre par ailleurs tout le projet consacré à mon père, merci merci.
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Je forme ici le vœu que ce journal se poursuive en automne, que la saison soit grise ou dorée, en pleurs, en joies, peu importe. De toute façon, avec ce titre magnifique, tu es obligée de continuer !
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ah mais si je peux exaucer les vœux alors…
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oui vos journaux Mesdames font honte à Paumée et la pauvreté (plus ou moins consciente) de son contenu… comme la visite au Père Lachaise me souligne la futilité de ma fréquentation pendant des années (qui se focalisaient sur des détails d’architecture sans lire les noms et sur mon bain de soleil quand soleil il y avait sur les marches ‘une des chapelles en haut de l’allée d’entrée)
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ah mais oui il n’y a que ça de vrai, les détails et le soleil qui éclabousse la chapelle !
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