rue vacillante

Paris, photo Pierre Ménard

il y avait l’agitation du soir, la ville familière, le faubourg emprunté chaque jour, son nom familier, l’élan trop vif, il faudrait ralentir, contrôler le mouvement, l’obstacle a surgit, quelle tentation, quel éblouissement, quelle présomption, pas même le temps de crier, d’arrondir le geste, voltigeuse sur roue avant, la chute insensée, le néant — comment se souvenir, ça glisse dans un trou noir, c’est un réflexe reptilien — maintenant imaginer le mouvement du corps emporté dans la roue, on lui a raconté, un soleil, reste dans la bouche la saveur de l’asphalte humide mêlée au goût du fer, dans le genou une flambée, devant soi le mur de reflets, le grain dansant des feux de circulation, autour une force, ça l’a soulevée du sol, une chaleur, comme deux bras qui ont enveloppé les siens, son corps dédoublé, habité d’une présence familière, l’adrénaline, les mouvements du cœur, la pulsation des pupilles dans la nuit, debout, frappée d’immobilité, de stupeur, le fer chaud coule dans la bouche défaite, le sac répandu au sol en éclats de vie, le bruit assourdi des voitures, elle a pensé je suis vivante je me suis envolée je suis tombée je suis debout, respire, il y a quelque chose de cassé dans sa bouche, des voix s’assurent sa présence, on la prévient, la douleur va monter, devant il y a le mur ralenti de la nuit mouvante, maintenant le frottement du bleu, la chaleur fourmille jusqu’au bout des doigts, debout, hébétée, palpitante, reprendre pied dans la rue vacillante, marcher

Texte écrit sur une proposition de François Bon, dans le cadre de l’atelier d’hiver, prendre

Publié par

caroline diaz

https://lesheurescreuses.net/

3 réflexions au sujet de “rue vacillante”

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