Pluie, je devrais dire seaux d’eau, et vent, marche le long du canal Saint-Martin. Je décide de faire du stop pour me mettre à l’abri, échanges joyeux avec la jeune conductrice qui me dépose à deux pas de l’atelier. Le soir conversation par messagerie avec ma fratrie, autour d’une sépulture, décidément mes morts cette année… ça tourne à l’absurde, je crois que nous finissons par rire, chacun derrière l’écran. Et trouble profond, ce sujet qui tombe au moment où je livre à un regard extérieur le travail mené depuis un an. Si difficile de lâcher l’affaire, je pourrais ne jamais finir, il y aurait toujours un mot à déplacer, une phrase à retoucher. Je pourrais ne jamais me résigner, l’oubli ne me serait d’aucun secours, je pourrais caresser doucement son absence, la réveiller un peu chaque jour, lui rendre l’éclat de son regard, le poli de ses mains fines, le mystère de sa voix.