leurs voix qui te traversent

À l’heure d’écrire le journal je suis rattrapée par une immense fatigue, au bord du renoncement. Sur la carte mémoire il n’y a que deux photographies. Mais le sentiment du devoir. Quelques notes au pas de course, à l’image de notre marche dimanche, comme une échappée, nos pas vifs, nos changements de direction.
Dans le bus d’abord la voix de la mère excédée, sa parole brutale vers l’enfant autiste, la passagère qui voudrait que ça redescende, qui tente d’intervenir, alors la mère riposte, la passagère insiste, c’est son métier, éducatrice de jeunes enfants, la mère excédée s’exclame : enfants autistes ? La gène de la passagère, la mère avec sa détresse.
Le rendez vous avec l’expert comptable, les encouragements malgré une situation qui se dégrade, courber le dos, le voyage au Japon se profile, on réfléchira en novembre.
Au volant un postier, une chanson à plein volume, une chanson en français dont je n’arrive pas à attraper les paroles, mais dont je sens toute la puissance lyrique. Je la fredonne pour tenter d’en conserver la mélodie mais elle finit par s’effacer.
Les jours de déluge. Les contrariétés minuscules comme ne plus trouver de baskets à ma taillle dans aucun magasin de sport, on me console en me disant que chez les enfants c’est moins cher, ça prête à sourire, mais ça remue cette blessure d’enfance, d’avoir toujours été la nouvelle (on déménageait sans cesse), la plus jeune (née un premier janvier on me fit entrer au CP à cinq ans), la plus petite (comment en faire le reproche à mes parents).

Un autre temps qui s’ouvre, la projection de Litteratube organisée à la Bbibliothèque François Villon par Philippe, y retrouver Marine, Milène, Gracia, Patrick, Gwen. Découvrir des pépites. Répondre aux questions d’un public curieux. La chaleur de la serveuse de la pizzeria du boulevard de la Villette. La Sicile. Samedi nous nous retrouvons pour des ateliers d’écriture vidéo, j’ai choisi celui de Marine, Alice participe également. Ouvrir un espace pour pratiquer. Tout va très vite, la consigne, la cueillette, l’écriture. L’après midi nous montons nos films dans un grand espace de la mediathèque Françoise Sagan. Tous les participants réunis. On ne travaille pas dans le confort habituel, j’accepte le son brut, l’imperfection, il faut finir vite, je me surprends à aider certain.es à titrer, exporter. Découvrir la masse des films, la singularité des voix, se réjouir.